Pauvreté de Saint Pierre d'Alcantara
Source : Marchese 1670
Le principal fondement sur lequel saint Pierre d’Alcantara se proposa d’établir sa réforme, et l’unique trésor qu’il eut dessein de laisser en partage à ses enfants, fut la même pauvreté rigoureuse que son saint instituteur avait introduite dans la fondation de l’ordre; c’est pourquoi il avait accoûtumé de dire à ses religieux que la pauvreté d’un frère mineur devait être si indigente et si nécessiteuse, que même il fallait qu’elle se retrancha une partie du nécessaire.
Sa cellule, comme l’assure sainte Térèse, et qu’on le voit encore aujourd’hui au Pedrose, était longue de quatre pieds et demi [1.4 mètres], et large de trois pieds [0.9 mètres]; si basse et si étroite, qu’il était impossible de s’y tenir debout, et de s’y étendre tout de son long. Il y avait une pierre qui servait de siège, et de lit.
Les meubles de cette petite chambre étaient une croix, une image d’un crucifix en papier, un morceau de bois, sur lequel il appuyait la tête durant le peu de temps qu’il dormait, et un vieux bréviaire déchiré.
Il ne souffrait point que ses religieux tinssent dans leur cellules aucune chose curieuse, quelque dévote qu’elle fût, comme des reliquaires, et des tableaux; mais une seule croix avec un livre spirituel, ajoutant pour les confesseurs un livre de morale, et une Bible pour les prédicateurs.
Il leur répétait souvent ces paroles de l’Evangile. Où est votre trésor, là aussi est votre coeur; afin de leur inspirer l’amour de cette vertu; d’autrefois il les avertissait de ne désirer point, bien loin de posséder, aucune chose de la terre, parce qu’étant toute corrompue, elle ne peut que corrompre le coeur de celui qui la désire…
… Pour exciter ses religieux à l’amour de cette vertu il avait accoûtumé de leur donner ces avis : Mes enfants gardez-vous bien de posséder, ni même de désirer aucune chose, parce que ces désirs ne peuvent occuper un coeur sans en bannir, ou diminuer l’amour qu’il doit avoir pour Dieu. Or Dieu mérite tout notre amour, et nous n’en devons avoir que pour lui seul. Celui qui souhaite, et se contente de moins de choses se rend plus semblable à Dieu, qui n’a besoin de quoique ce soit et possède toutes choses en Lui. Que votre plus grand soin soit de vous conserver toujours dans la nécessité, parce que votre pauvreté doit être extrêmement pauvre, et manquer du nécessaire; de façon même que vous consentiez avec joie, et que vous souffriez volontairement cette privation.