Jean de Galatre

Source: Chroniques des Capucins

Il nous reste enfin le témoignage assuré d’un certain vieillard appelé Jean de Galatre. Il était de Galatre, village de Calabre, et y vivait saintement dans la crainte de Dieu, cultivant son champ de ses propres mains, car il était laboureur. Avant la réforme des Capucins, il voyait souvent, en plein midi, un certain homme qu’il ne connaissait pas, d’une beauté supérieure à celle des gens de son pays, qui se promenait à sa vue, vêtu du même habit que portent aujourd’hui les Capucins. Jean admirait cette forme d’habit et cet homme, qu’il considérait avec attention. Celui-ci lui dit ces paroles :

“Jean, pourquoi admires-tu, ou quelle inquiétude agite ton esprit à la vue de ce nouveau vêtement ? Il doit être celui d’un ordre qui, dans peu de temps, paraîtra au monde, et la demeure de ses religieux, dans cet ermitage qui leur servira d’asile contre leurs persécutions, doit t’être une preuve de la vérité.”

Après avoir dit cela, il se déroba aux yeux de Jean, qui ne le vit plus. Jean fut tout étonné et, bien qu’il ignorât alors ce que signifiait cette vision, il ne cessa d’en faire le récit à plusieurs personnes. Plus tard, lorsque la congrégation des Capucins parut en Calabre et que Jean vit qu’ils se retiraient dans l’ermitage d’Hélie pour se cacher des poursuites de leurs ennemis, il reconnut que l’homme qu’il avait vu si souvent était un ange qui lui avait prédit, sous cette forme d’habit, la réforme des Capucins.

Parlant souvent avec sa famille de l’apparition de cet ange et des Capucins, un de ses fils, touché par cette merveille, prit leur habit sous le nom d’Antoine au commencement de la réforme. Ayant mené une vie très sainte jusqu’à sa mort, il termina sa vie dans les ferveurs et les sentiments d’une véritable sainteté.