Augustin de Foligny

déc. 07, 2024

Mais ce qu’un certain frère Augustin de Foligny, du même ordre de l’Observance, homme de grande vertu parmi les laïcs et tout rempli de l’esprit de Dieu, prédit environ à cette époque au sujet de la réforme des Capucins, à son propre frère, qui était du Tiers-Ordre, n’est pas moins merveilleux. Étant alors attaché au couvent de Notre-Dame des Anges d’Assise, son frère, tout dévoué au service de la Vierge sainte, y arriva dans le dessein d’y faire ses dévotions, en ce jour auguste, et d’y obtenir une indulgence plénière de tous ses péchés. Frère Augustin le reçut fort civilement et, l’ayant conduit dans un lieu solitaire où ils pouvaient s’entretenir avec plus de repos des choses célestes, ils lurent ensemble la Passion de Jésus-Christ, empruntée des Méditations de saint Bonaventure. Ils furent si profondément touchés qu’ils versèrent tous deux de nombreuses larmes devant la pensée prodigieuse d’un Dieu-homme souffrant.

Frère Augustin, comme tout saisi par l’esprit de Dieu, dit alors à son frère :

“Ô frère, ô frère, entendez-vous ? Vous devez voir de grandes choses arriver bientôt. Dans peu de temps, en effet, vous verrez un Pape né à Florence et régnant à Rome. Malheur alors à la ville de Rome, ô malheureuse, ô déplorable Rome, que de maux vous devrez souffrir en ce temps-là. Et alors, vous verrez encore notre Père saint François ressuscité et vivant, et vous admirerez cet Ordre que vous considérez aujourd’hui comme celui des Frères Mineurs, rétabli parfaitement dans l’esprit et la manière de vivre de son fondateur.”

Ce simple et dévot frère du Tiers-Ordre, admirant ces paroles, expérimenta par la suite qu’elles étaient fort vraies. En effet, peu d’années après, le pape Adrien VI étant mort, et Clément VII, Florentin, étant élu en l’an 1523 au mois de décembre, sur la fin de la troisième année de son pontificat, c’est-à-dire en 1527, la ville de Rome fut prise et ruinée par un Bourbon de France, général de l’armée de l’empereur Charles V. Et seulement deux ans auparavant, en 1525, on vit paraître au monde la nouvelle réforme des Capucins. Ce Tertiaire, ayant vu de ses propres yeux ce que frère Augustin lui avait prédit, tomba dans une maladie qui l’affligea longtemps. Avant de mourir, il rapporta à un frère Barthelemy de Spello, qui était passé de la famille de l’Observance à celle des Capucins, toutes les circonstances de cette prophétie.