Instruction 4 - De l'examen du motif, ou intention qu'on a eu en son oeuvre

Quand on s’examine de quelque action, il est de s’examiner du motif et intention qu’on a eu en la faisant : et même il est nécessaire d’exprimer ce motif et cette intention, quand elle ajoute nouveau un péché mortel à l’action, à cause d’une nouvelle malice qu’elle contient en soi. Par exemple, une Religieuse détractera de quelque autre, mais à dessein d’empêcher qu’elle ne soit élue Abbesse ou Prieure, pour quelque aversion qu’elle a contre elle, elle est obligée de spécifier en confession cette mauvaise intention, parce qu’outre le péché de détraction, elle a commis un péché d’injustice, en empêchant que celle qui méritait d’être élue ne soit promue à cette charge. Et même il est nécessaire d’exprimer, la mauvaise intention, quand l’action seroit indifférente, ou bonne de soi. Par exemple, pour empêcher que la même ne soit élue Abbesse ou Prieure, elle fera des présents à quelques Sœurs, ou s’efforcera par des témoignages d’amitié de suborner leurs voix, elle est obligée de spécifier cette mauvaise intention en confession, quoique faire des présents, ou témoigner de l’amitié, ne soit mauvais de soi-même.

Quant au motif qui nous a poussés à commettre quelque péché véniel, encore qu’il ne soit pas nécessaire de s’en examiner, néanmoins c’est une chose fort utile. Par exemple, une personne aura dit quelque parole de moquerie contre une autre, qu’elle s’examine si elle l’a fait à dessein de lui faire quelque confusion, pour quelque secrète aversion qu’elle avoit contre elle. De même elle aura dit quelque mensonge, qu’elle s’examine si elle ne l’a pas fait afin d’éviter quelque confusion, ou bien par vanité, ou par opiniâtreté, et ainsi des autres ; car par ce moyen elle connaîtra bien mieux la racine de ses imperfections, et les donnera mieux à entendre à un confesseur. Qu’elle soit néanmoins prudente en ce point, car si l’examen des intentions, comme aussi des circonstances à l’égard des péchés véniels, lui donne beaucoup de peine, elle ne doit pas s’y arrêter, mais s’accuser simplement de ses péchés.