Ordre des Frères Mineurs Capucins
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Instruction 1 - Définition et Confessions générales

Source: Jean-François de Reims, Capucin (m. 1660), Le directeur pacifique des consciences

Ce que c’est qu’Examen de conscience, et quel il doit être pour les Confessions générales, ensemble quelque avis sur telles Confessions

La seconde chose requise au Sacrement de Pénitence de la part du pénitent, est l’examen de conscience, lequel n’est autre chose qu’une revue sur les défauts que nous avons commis contre notre conscience, soit intérieurement, soit extérieurement.

Il est appelé examen de conscience, et non examen des choses, d’autant que cet examen doit être, non pas nûment des choses, mais des choses auxquelles nous avons commis quelque faute contre notre conscience. En quoi la plupart se trompent, qui voulant s’approcher de ce Sacrement, tout leur but et tout leur soin est d’examiner leurs actions sans voir s’ils ont cru pécher en celles-ci, ou non, ce qui est néanmoins le principal; de sorte que s’ils ont fait des actions de bonne foi, ne pensant pas mal faire, ils ne laisseront pas de les mettre en Confession, si elles ont quelque image du péché.

Par exemple, ils auront dit quelque chose contre le prochain, mais à bonne intention, afin de lui en faire faire la correction pour son amendement, ils auront juré, mais avec raison pour affermer une vérité, afin d’apaiser quelque dissention; ils auront rompu le jeûne, mais par infirmité, etc. ils se confesseront d’avoir mal parlé du prochain, d’avoir juré, et d’avoir rompu le jeûne.

Il faut donc examiner sur tout l’intérieur de notre conscience, et voir si nous avons cru pécher aux choses que nous avons fait, et le motif qui nous y a poussé, et nous en confesser selon que nous les aurons fait contre notre conscience.

Pour bien faire cet examen, soit aux Confessions générales, soit aux Confessions particulières, les personnes dévotes et Religieuses se pourront servir de l’une ou de l’autre des deux méthodes que je mettrai ci-après en l’Instruction III. Art. 2. du quatrième Livre, parcourant les péchés auxquels une chacune connaîtra être tombée, et remarquant ceux dont elle se devra accuser, en laissant les autres.

On se doit mettre devant Dieu comme criminel devant sa Majesté, requérant humblement de sa bonté infinie les lumières convenables pour bien découvrir ses péchés, et en connaître la grandeur et l’énormité.

Quant à l’examen des Confessions générales, plusieurs se troublent et s’inquiètent, se persuadant qu’elles n’ont jamais rien fait qui vaille : ce qui est cause qu’elles font souvent de telles Confessions, sur l’espérance qu’elles ont d’en retirer du soulagement; mais elles se trouvent autant, voire souvent plus inquiétées en la dernière qu’en la première.

Pour remédier à ce mal, qu’elles apprennent que le joug de notre Seigneur est doux et léger, et qu’il ne demande pas aux Confessions générales une telle discussion de leurs péchés qu’elles s’imaginent; mais il demande un examen raisonnable, un examen auquel elles apportent une médiocre diligence; car c’est se tromper de penser qu’on soit obligé d’y apporter la plus grande diligence qu’il est possible, en telle sorte qu’on ne puisse point y en apporter une plus grande, vu que cela ne se trouve point commandé de Dieu, et ce serait mettre les consciences dans l’incertitude, que d’enseigner telle doctrine, puis qu’on ne peut apporter une si grande diligence à s’examiner, qu’on ne puisse y en apporter encore une plus grande.

On est donc seulement obligé d’y apporter une diligence morale, suivant la doctrine du Concile de Trente, diligence qui doit être mesurée selon la condition et la qualité des personnes, et selon la multitude de leurs péchés: car il est certain qu’une Religieuse, par exemple, qui veut faire une Confession générale en sa profession, des péchés qu’elle a commis jusques à ce temps-là, ou qui en voudra faire une des péchés qu’elle a commis depuis qu’elle est en Religion, n’est pas obligée d’y apporter tant de temps qu’un homme du monde, qui aurait été sans cesse dans les occasions du péché, et qui se serait donné la liberté de commettre toutes sortes de péchés; et cinq ou six heures de temps qui semblerait suffire à cette Religieuse pour faire une telle Confession, ne suffiraient pas à cet homme; mais il serait ce semble obligé durant sept ou huit jours, de prendre quelques heures par chacun jour, pour bien reconnaître la multitude de ses offenses, et le nombre et circonstances de chaque péché.

J’ai voulu donner cet avertissement, d’autant que des Religieuses et personnes dévotes feront quelquefois des huit jours entiers à se préparer à une Confession générale de deux ou trois ans, Confession où il n’y aura souvent que des péchés véniels qu’on n’est pas obligé de confesser, ou au plus quelques doutes de péchés mortels: que si elles ont commis quelque péché mortel, il se présentera bientôt en leur mémoire; c’est pourquoi elles n’y peuvent employer un si long-temps, qu’elles n’obéissent, ou à une tromperie du diable, qui les incite à faire une si étroite discussion de leurs péchés, afin de leur faire perdre le temps; ou à leur amour propre, qui les pousse à se contenter elles-mêmes.

Au reste, je ne saurais approuver généralement le procédé de certains Confesseurs, qui conseillent aux Pénitents et Pénitentes qui se mettent sous leur conduite, de faire une Confession générale, afin de mieux connaître leur conscience, et surtout aux filles et femmes, tant à cause que la recherche de tous les péchés qu’elles ont commis, ne travaille pas peu leur esprit, qui est déjà assez faible naturellement, qu’à cause qu’elles sont peut-être autrefois tombées à certains péchés, où ont été travaillées de certaines tentations, desquelles il est dangereux de réveiller les espèces.

Et quoique les Confessions générales soient de grande utilité aux âmes qui sont ou engagées dans plusieurs péchés, ou tièdes et lâches aux pratiques de leurs obligations, ou qui ont fait leurs Confessions particulières sans la disposition nécessaire: néanmoins il n’en est pas de même au regard de celles qui s’efforcent de s’acquitter de leur devoir, et de bien faire leurs Confessions particulières; mais elles leur apportent ordinairement plus de dommage que de profit, les entretenant dans leurs scrupules, et dans un secret amour propre, qui leur fait désirer de faire souvent de ces Confessions pour se satisfaire elles-mêmes.

C’est pourquoi je crois que les Confesseurs feraient mieux de leur laisser continuer leur bon chemin, et de se contenter de la connaissance qu’ils peuvent avoir de leur intérieur par les Confessions particulières, principalement si elles n’ont que des difficultés ordinaires; car si elles avaient des difficultés extraordinaires, qui demanderaient une connaissance de toute leur vie passée, pour les résoudre avec assurance; en ce cas il serait bon qu’ils eussent une connaissance générale de leur intérieur par la communication de quelque conférence, ou par la Confession.

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