Usage pauvre
Source: Etudes franciscaines 1905, t. 17, p. 290.
Il était difficile, sans doute, de définir exactement en quoi consistait cet “usus pauper”, et cette difficulté donna même occasion aux mitigés d’attaquer et de condamner sur ce point la doctrine d’Olivi.
Mais les esprits droits et non prévenus ne pouvaient guère s’y tromper. Comme le fait observer M. Tocco, les défenseurs de l’usage pauvre entendaient seulement proscrire tout ce qui n’était pas indispensable à l’entretien et à la subsistance des Frères.
Une maison, par exemple, est nécessaire pour recevoir les religieux, mais un couvent luxueux et commode ne leur est point permis : ils ne peuvent en avoir ni la propriété, ni l’usufruit. Il est licite de se servir du pain que l’on quête, mais il est défendu d’en faire des provisions pour l’avenir. C’est encore une oeuvre méritoire d’ensevelir les morts dans l’Église, mais les Frères auxquels tout pécule est interdit, ne peuvent pas non plus revendiquer pour eux les bénéfices que le clergé retire des sépultures.
Notes de bas de page : A son lit de mort, Olivi définissait ainsi l’usage pauvre :
“dico, abdicationem omnis juris, seu jurisdictionis temporalis et pauperem rerum usum de substantia vitae nostrae evangelicae; pauperem verô usum hunc ita explico : ut, omnibus consideratis, censeatur potius pauper quàm dives, seu declinet potius ad paupertatem quàm opulentiam”.
“Je veux dire l’abdication de tout droit, ou juridiction temporelle, et le mauvais usage des choses de la substance de notre vie évangélique; j’explique cet usage du pauvre de cette manière : que, tout bien considéré, il faut considérer les pauvres plutôt que les riches, ou plutôt le déclin vers la pauvreté plutôt que vers la richesse.”