Frère Bernardin d'Asti sur l'usage du manteau
Source : Caluze 1675, t. 1, p. 474-475.
… lorsque ce Saint [S. François] nous concède simplement deux tuniques, il nous accorde plutôt un habit avec le manteau, puisqu’il est moins que la tunique…
… contre le froid, il est permis aux Capucins de couvrir, ou de doubler comme on dit ordinairement leur manteau, ou leur habit d’un autre drap, puisque la Règle, et la pauvreté ne le défendent pas.
Non pas la Règle, puisque notre Saint Père dans son Testament, qui est comme une explication de sa Règle, accorde expressément aux Frères, que s’ils veulent, ils puissent doubler, leur habits, et au dehors, et au dedans, parce que ce n’est pas multiplier les draps, mais en doubler un, et un habit doublé, et rapiécé, n’en fait pas deux, mais, dit Hugo, un, seulement.
La pauvreté même le permet, puisque les pauvres, dont notre Père saint François empruntait les exemples de sa pauvreté, portent bien des habits doublés, et rapiécés, quoiqu’à mon sens, il faille observer ici, que sans nécessité l’on ne peut mettre qu’un drap à son habit, et à son manteau, et il ne faut pas rechercher avec plus de scrupule, si cette doublure doit être d’un vieil, ou d’un neuf drap, puis même que notre Père saint François ne le détermine pas dans son Testament, lorsqu’il y dit : Et nous étions contents d’une tunique rapiécée dehors, et dedans, ceux qui la voulaient, où il fait abstraction de vieil, ou de neuf, et le laisse à la volonté des particuliers; quoique pourtant, une doublure de vieil drap, soit plus conforme à l’austérité de notre vie…
… quoique ceux qui portent deux tuniques sans manteau, satisfassent plus à la lettre de la Règle, soit qu’elles soient doublées, soit qu’elles ne le soient pas; ceux pourtant qui ne se servent que d’un habit, soit simple, soit doublé, accomplissent plus facilement l’intention de notre Père S. François, et sont en meilleure conscience, et en voici la raison, parce que ceux qui portent deux tuniques peuvent éviter rarement, qu’il ne portent en même temps le manteau sans nécessité, soit au couvent, soit à la ville, soit en voyage, et il pèchent contre la Règle. Mais ceux qui n’ont qu’un habit, soit simple, soit doublé avec le manteau, sont libres de ce danger, et suivent mieux les pas de leur Père S. François.