Voie du salut et de la perfection
Source: Google Books
Le saint frère Égidius disait :
“Si vous voulez vous sauver, ne demandez raison à aucune créature des choses qui vous arrivent. Si vous voulez vous sauver, employez tous vos soins et vos efforts à vous séparer de toute consolation et de tout honneur que vous pourriez recevoir de la créature; car les démons de la consolation sont plus adroits et pires que les démons de la tribulation, les chutes de la consolation sont fréquentes et plus graves que celles de la tribulation.
Les grandes chutes et les grands dangers viennent uniquement de ce qu’on élève trop la tête, et tout bien, au contraire, vient de ce qu’on la tient inclinée.
Malheur à ceux qui veulent tirer honneur de leur méchanceté! Si vous croyez avoir offensé le Créateur de toutes choses, vous devez supporter avec patience de toutes choses toutes sortes de contrariétés, car vous n’avez de raison à alléguer contre quoi que ce soit.
Si quelqu’un entre en contestation avec vous, et que vous vouliez avoir raison, cédez; autrement quand vous croirez l’avoir emporté, vous aurez perdu votre cause.
Si vous voulez avoir la vue bonne et subtile, arrachez-vous les yeux.
Si vous voulez entendre bien et d’une manière parfaite, bouchez-vous les oreilles, et devenez sourd.
Si vous voulez parler bien et avec grace, coupez-vous la langue et devenez muet.
Si vous voulez bien faire toutes vos actions, coupez-vous les mains.
Si vous voulez que tous vos membres soient parfaits, coupez-les.
Si vous voulez bien vivre, appliquez-vous à vous donner la mort.
Si vous voulez bien manger, jeûnez.
Si vous voulez un sommeil calme et profitable, veillez.
Si vous voulez faire un grand gain, sachez perdre.
Oh! combien est grande la sagesse qui consiste à agir ainsi! mais elle n’a pas été donnée à tous.
La grâce de Dieu et les vertus sont la voie et l’échelle pour monter au ciel; les vices et les péchés sont un poison et la voie qui mène à l’enfer : les vices et les péchés sont un poison, les vertus et les bonnes œuvres un antidote.
Une grâce attire une autre grâce, et un vice attire un autre vice.
La grace repousse la louange, le vice repousse le blâme.
L’esprit trouve son repos dans l’humilité, la patience est la fille de cette vertu.
La pureté du cœur voit Dieu.
La dévotion en fait son aliment.
Si vous aimez, vous serez aimé.
Si vous craignez, vous serez craint.
Si vous êtes soumis, on vous sera soumis.
Si vous vous conduisez bien envers les autres, les autres se conduiront bien envers vous.
Bienheureux celui qui aime, et qui ne désire pas être aimé en retour.
Bienheureux celui qui sert, et ne désire pas être servi.
Bienheureux celui qui agit bien envers les autres, et ne désire rien de pareil de leur part pour lui-même.
Voilà de grandes choses; aussi les insensés ne sauraient-ils y atteindre.
Il y a trois choses considérables et avantageuses; quiconque les possèderait ne pourrait tomber dans le mal.
La première est de supporter de bon cœur toutes les tribulations qui nous arrivent.
La seconde, de nous humilier de tout ce que nous faisons et recevons.
La troisième, de garder un amour fidèle aux biens invisibles à l’œil corporel. Dieu et les saints honorent et acceptent avec un empressement particulier ce que les mondains méprisent et rejettent; tout ce qui est digne d’amour, l’homme mondain l’a en haine, et il aime tout ce qui mérite d’être haï.”
Un jour, Égidius adressa à un frère cette question: “Avez-vous une bonne âme?” Celui-ci répondit : “Je n’en sais rien, mon frère.” Alors Égidius reprit : “La sainte contrition, la sainte humilité, la sainte charité, la sainte dévotion, la sainte joie, voilà ce qui rend l’âme sainte et bonne.”