Ordre des Frères Mineurs Capucins
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Des réserves et des miracles survenus parce que Dieu a pourvu à leurs besoins

29 Confiance en la Providence Divine 30 L’Ange du Seigneur secourt Saint François et ses compagnons 31 Le Seigneur pourvoit aux besoins des premiers Capucins : a) à Sansepolcro b) à Ferrare

(29) Comme nous l’avons dit plus haut, les premiers Pères se fondèrent sur le document que notre Père Saint François leur avait donné, en particulier sur le fait que les Frères Mineurs devaient avoir confiance en la Providence Divine, puisque Notre Seigneur avait promis à Saint François de pourvoir à tout ce qui était nécessaire pour son Ordre. Et jamais Il ne leur ferait défaut tant que les véritables observateurs de l’Évangile du Christ feraient confiance à Sa bonté.

Comme il est écrit dans la Légende des Trois Compagnons, notre Père disait que Notre Seigneur lui était apparu au commencement sous la forme du Crucifié, lorsqu’il souhaitait que Dieu lui révèle la voie à suivre pour lui-même et pour son Ordre. Notre Seigneur lui dit : « François, ta Règle et le mode de vie pour toi et pour ceux qui voudront te suivre sera ma propre vie que j’ai menée dans le monde. Le mode de vie sera de vivre selon l’Évangile. Fonde-toi donc en moi, avec tous ceux qui voudront te suivre, car en ces derniers temps, j’ai supplié mon Père de me donner un peuple qui mettrait sa confiance en moi seul. Comme je repose en mon Père et le Père en moi, ce peuple reposera en moi. Je t’ai choisi comme chef de ce peuple, car tu es un homme humble, afin que les œuvres que j’accomplirai pour toi soient reconnues comme venant de moi et non de toi, et que l’on sache que je peux faire tout ce que je veux. Voilà donc ta Règle : aimer selon le Saint Évangile et placer toute ton espérance en moi. Ne désire aucun héritage terrestre, ni ne souhaite posséder quoi que ce soit sur la terre. Ton héritage, et celui de ceux qui voudront te suivre, sera mon Nom. Plus vous vous éloignerez des choses du monde, plus le monde viendra vers vous pour vous donner quelque chose en mon Nom.

Plus vous vous approcherez du monde, plus le monde vous fuira, car je veux que la vie que moi et mes Apôtres avons menée soit conservée dans ton Ordre jusqu’au jour du Jugement. Alors, quiconque voudra connaître ma vie la verra dans tes Frères qui observeront la Règle que je te donnerai. »

Ce que Notre Seigneur lui montra par révélation, Il l’a prouvé par l’exemple aux véritables observateurs de la Règle. Lorsque les moyens humains ne pouvaient pas pourvoir à leurs besoins, le Seigneur Dieu y a pourvu miraculeusement.

(30) Ainsi, les Trois Compagnons racontent que lorsque notre Père Saint François se rendit à Rome avec ses douze compagnons pour faire confirmer la Règle, en revenant vers la vallée de Spolète, certains d’entre eux s’éloignèrent un vendredi dans un lieu isolé, loin de toute habitation. Accablés par une grande faim, ces pauvres frères ne pouvaient plus marcher. Ils devinrent tristes et découragés. Par cette tentation, leur ferveur initiale se refroidit, et ils commencèrent à se demander s’il serait possible d’adhérer à une vie si rigoureuse. Le Créateur Suprême a toujours compassion de la faiblesse humaine. Il leur envoya un Ange sous la forme d’un beau jeune homme. Il les salua et leur demanda pourquoi ils étaient si abattus. Ils répondirent : « Parce que nous avons faim. » L’Ange dit : « N’êtes-vous pas de véritables observateurs de l’Évangile de Jésus-Christ ? Car les vrais observateurs font entièrement confiance à la providence de Jésus-Christ, qui pourvoit toujours à leurs besoins sans jamais faillir. » En prononçant ces paroles et d’autres semblables, ils ressentirent un feu brûler dans leurs cœurs. Ils sentirent leur force revenir comme s’ils avaient été restaurés par les mets les plus délicieux. Le jeune homme leur donna du pain et disparut. Alors ils tombèrent à genoux et, avec une immense ferveur, promirent à nouveau d’observer le Saint Évangile et de ne plus jamais faillir face à la tentation. En mangeant le pain, ils furent tous complètement restaurés et leurs cœurs embrasés.

(31) À cause de cela, nos premiers Pères ne voulaient pas conserver de provisions nécessaires pour plus de trois ou quatre jours, ou une semaine. Ainsi, comme les couvents étaient éloignés des villes, il leur arrivait de souffrir du manque de biens nécessaires pendant les périodes de pluie ou de neige, quand ils ne pouvaient pas sortir mendier.

a) Notre Seigneur pourvut toujours pour eux miraculeusement, comme ce fut le cas au couvent de Borgo Sansepolcro, appelé Monte Casale. Notre Père Saint François y vécut. Sa cellule y est toujours présente, ainsi que le rocher où il dormait. C’est un endroit très froid dans les Apennins, à environ trois milles de la ville. Frère Eusèbe d’Ancône, le Père Vicaire de la Province, s’y trouvait à cause de la neige. Le Père Antoine de Cetona était le Gardien. Tous deux étaient des modèles de sainteté. Une très forte chute de neige eut lieu. Non seulement ils ne pouvaient pas sortir de la maison, mais ils ne pouvaient même pas ouvrir une fenêtre, car le vent remplissait immédiatement tout de neige. Comme c’est une vallée entourée de montagnes, le vent amena tant de neige à certains endroits qu’il était humainement impossible d’y passer sans risquer de mourir, car certains ravins étaient ensevelis sous plus d’une longueur de lance de neige. Quand les pauvres frères se retrouvèrent sans pain ni rien à manger, le Père Gardien appela deux des plus robustes et leur dit : « Mes fils, vous voyez comment nous sommes. Si vous avez du courage, essayez de voir s’il est possible d’aller jusqu’à la ville pour quêter. Si vous voyez que ce n’est pas possible, revenez. Ne vous mettez pas en danger. Je vous en donne le mérite par obéissance. » Quand ces véritables fils de Saint François entendirent cela, ils s’agenouillèrent et s’offrirent pour tenter l’aventure. Comme il y avait un peu de pain, suffisant pour deux frères, le Gardien voulut qu’ils le mangent, à cause du jeûne, pour mieux résister au froid. Cependant, quand le Père Eusèbe vit que ces frères mangeaient parce qu’ils voulaient aller à la ville, il ne voulut pas que les pauvres frères se mettent en danger de mort. Il fit plutôt appeler tous les frères à l’église et leur adressa une exhortation fervente sur la providence de Dieu, qui ne fait jamais défaut à Ses serviteurs. Au contraire, quand ils manquent de soutien humain, Dieu pourvoit toujours pour eux miraculeusement. Ils se recommandèrent donc avec ferveur à Notre Seigneur Jésus-Christ. « Ne nous inquiétons pas, car sans aucun doute, Il pourvoira pour nous ce matin. S’il y a quelques légumes et concombres, cela complétera ce peu de pain qu’il peut y avoir. »

C’était véritablement un miracle de Dieu. Ils firent cuire des fèves et en donnèrent un bol à chaque Frère. Ils divisèrent le pain en autant de morceaux. Après avoir fait la bénédiction, ils mangèrent leur bol de fèves avec joie. Ils furent tellement réconfortés qu’il sembla à chacun d’eux qu’avec ce petit morceau de pain, ils n’avaient jamais aussi bien mangé. Ils comprirent que ce n’était pas la qualité de la nourriture qui les avait nourris, mais bien la grâce de Dieu. Tous dirent : « Si notre Seigneur nous donne cette nourriture, nous n’avons pas à nous inquiéter. »

Le miracle qui se produisit ensuite ne fut pas moins merveilleux. Alors que la neige et le mauvais temps redoublaient, de nombreuses personnes dans la ville de Borgo entendirent une voix : « Les pauvres Frères de Monte Casale meurent de faim ! » C’était une chose étonnante. Ce soir-là, un Moine de la Congrégation de Saint Romuald regardait par la fenêtre. En souriant, il dit : « Oh quel temps noir et terrible. Allez dire aux Frères de Monte Casale que l’Ange les pourvoie cette fois ! » Il voulait insinuer que leur mode de vie était une indiscrétion. Bien qu’il y eût une tempête rendant les routes impraticables à cause de la neige et du vent violent, dès le matin il y eut un remue-ménage dans la ville à cause de la voix entendue pendant la nuit. Aussitôt, on organisa un groupe de quinze jeunes hommes parmi les notables de Borgo. Bien habillés avec bottes, bonnets et autres vêtements protecteurs, ils prirent tous des pelles et dégagèrent la route de la neige. En peu de temps, ils rassemblèrent deux charges de provisions et mirent à disposition deux mules – les plus fortes et les meilleures qu’ils avaient. Après avoir chargé les provisions, certains allaient devant et d’autres suivaient les mules en dégageant le chemin. Tous affirmèrent que cela se passa comme une brise, car ils ne rencontrèrent aucun obstacle, sauf à l’approche du couvent.

Lorsqu’ils atteignirent le bois de châtaigniers de Monte Leone, près du couvent, le Frère Angelus de Poggio di San Martino in Colle, un Pérugin, commença à entendre du bruit. Il essaya plusieurs fois d’ouvrir une fenêtre pour passer la tête dehors et comprendre ce que c’était. C’était impossible, car le vent fort remplissait l’air de neige. Il pensa qu’il s’agissait peut-être d’un pauvre voyageur risquant de mourir dans cette vallée, alors il courut aussitôt prévenir le Père Eusebius pour lui dire qu’il sentait devoir aller voir s’il pouvait lui porter secours. À cela, tous les Frères se levèrent et ouvrirent la porte du réfectoire pour voir s’ils pouvaient sortir. Dans la petite cour devant la porte, ils trouvèrent une demi-lance de neige que le vent y avait amassée. Comme ils n’avaient plus d’eau, le Frère Angelus avait déjà essayé trois fois de dégager le chemin jusqu’au puits avec une pelle. Mais cela s’était révélé impossible. Dès qu’il avait dégagé beaucoup de neige, pensant avoir fait un passage, le vent remplissait tout à nouveau, plus qu’avant. Il fut contraint de boire de la neige fondue.

Il plut à Dieu que, tandis que les Frères débattaient pour savoir s’ils devaient aller aider ce pauvre homme, un coup fut frappé rapidement à la porte. Quand le Frère Angelus ouvrit et vit les jeunes hommes et les provisions que Dieu leur avait envoyées, et que tous les Frères accoururent, ils furent si remplis de componction qu’ils ne pouvaient se parler tant ils étaient émus devant la dévotion sincère de ces jeunes gens. De la glace pendait à chaque poil des mules, pour ainsi dire. Voyant cela, ils allumèrent un grand feu, réchauffèrent les couvertures de selle et les remirent sur les mules. Les jeunes hommes se réchauffèrent bien eux aussi et prirent un petit déjeuner. Dans leur grande dévotion, ils dirent en pleurant : « Ne vous inquiétez pas, Pères, même si la neige est plus haute que ces montagnes, vous ne manquerez jamais de rien. Nous avons vu un miracle très évident de Dieu. Nous sommes arrivés sans encombre en si peu de temps, c’était comme si nous avions volé. Consacrez-vous à servir Dieu et priez pour nous. Tant que Borgo aura du pain, vous aussi en aurez. »

Les pauvres Frères furent si édifiés qu’ils prièrent spécialement pour la ville pendant de nombreux jours. Tant que dura le mauvais temps, ils n’eurent pas besoin de sortir de la maison, car les provisions suffirent pour toute la durée.

Une autre fois, il y eut une très forte chute de neige alors que le Gardien de la maison était le saint homme Frère Barthélemy de Spello. Un paysan dormait confortablement dans son lit, une nuit, dans le village d’Efra. Il entendit une voix qui parlait à son esprit : « Tu dors très bien dans ton lit et les Frères de Monte Casale n’ont pas de pain. Veille à leur en porter demain. » À cause de cela, le lendemain matin de bonne heure, il prit du pain, autant qu’il pouvait en porter. Quand il arriva au couvent, les Frères furent étonnés qu’il ne soit pas mort, car la région est si montagneuse et escarpée qu’on ne peut y passer avant l’été. Il raconta aux Frères comment Dieu l’avait visité pendant la nuit. C’était étonnant, car les Frères n’avaient pas un seul morceau de pain.

b) Il en alla de même au couvent de Ferrare où il y avait quatorze Frères dans la fraternité. Un vendredi d’été, à l’heure après Sexte, quand ils se préparaient à prier avant le repas, le cellérier dit au Gardien qu’il n’y avait pas assez de pain pour le lendemain matin. Le Gardien répondit : « Prions avec ferveur pour que Dieu pourvoie à nos besoins. » Pendant que les Frères priaient, on frappa à la porte. Quand le portier alla ouvrir, il ne trouva personne. Il s’en étonnait et, en regardant autour de lui pour voir si quelqu’un était là, il vit de nombreux pains et un peu de vin qui avaient été apportés. Émerveillé, il appela le Père Gardien et tous les Frères. Après avoir bien cherché autour, ils ne trouvèrent personne. Pensant que Dieu leur avait envoyé le pain et le vin – ce qui était bien le cas – ils les prirent avec une grande joie et tous remercièrent Dieu ensemble, car Il avait pourvu à leurs besoins de manière si miraculeuse.

Il serait trop long de raconter toutes les fois où le Seigneur Dieu a pourvu aux besoins de ses serviteurs.

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