Chapitre 55
Que s’il semble difficile à quelques Frères, d’observer tant de choses, qu’ils se souviennent, que Notre-Seigneur a paru pauvre, et humble dans le Monde, et que toute sa Vie, nous est proposée, comme un miroir, et un exemplaire, où considérant son humilité, et sa pauvreté, Nous nous en rendions les copies, et que notre Père saint François, et tous les autres Serviteurs de Dieu, ont enseigné la même chose, afin que nous apprissions d’eux, que l’origine, le progrès, et la fin de notre Vie, et de nos actions, doivent être, une imitation exacte de la Croix de JESUS-CHRIST, et notre honneur plus considérable.
Qui considère toutes les actions des Saints, voit facilement, que toute la vie du Religieux, doit être un cours de Pénitence. Saint Martin, en effet, Évêque de Tours, étant proche de la mort, répondit à ses Disciples, qui le pressaient de souffrir au moins sur son lit, quelques draps fort grossiers : Mes Enfants, un Chrétien n’a bonne grâce, qu’en mourant sur la cendre, et sur le cilice, et je ne serais pas exempt de péché, si je vous laissais un autre exemple.
Nous lisons la même chose de saint Jérôme, qui sentant à peine ses Os unis les uns aux autres, dormait sur la Terre nue, lorsqu’il traite de la Nourriture, il dit, Que les Anciens Moines, étaient si sobres, qu’étant même tous languissants, ils ne buvaient que de l’eau, et que ceux qui se portaient bien, eussent cru faire un péché presque égal à la Luxure, s’ils eussent mangé quelque chose de cuit.
(Mes chers Frères) donc, suivant les coutumes, les exemples, et la Doctrine des Saints, gardons-nous du levain de ceux, qui étant ennemis de la Croix de JESUS-CHRIST, s’efforcent de nous en séparer comme eux, quoi que jusqu’à la mort, elle doive faire notre gloire, et nous avoir pour ses Disciples.
Encore que ces Constitutions n’aient été publiées, qu’au Temps que F. Mathieu déposa volontairement le Généralat, et que toute la Charge du gouvernement, eût été commise à Louis, on peut dire qu’elles furent conçues au Chapitre d’Alvacina, et produites à la démission de Mathieu, et sous le nom et l’autorité de Louis.
On ne donna donc à ce Chapitre à Mathieu, que la qualité de Vicaire Général, et non pas de Ministre, à cause principalement, que la nouvelle Réforme, comme l’ordonnait la Bulle, était soumise par quelque sorte de subordination, au Ministre Général de l’Ordre des Frères Mineurs Conventuels, ce qui fut long-temps observé dans l’Ordre des Capucins, après F. Mathieu, jusqu’à ce que la bonté des Souverains Pontifes, les dégageant de cette subordination des Conventuels, les ait érigés depuis peu, en un Corps d’Ordre, comme nous l’expliquerons en son lieu.
Le Général étant élu, les Gardiens des lieux furent élus par le Général, et les Définiteurs, et dans cette élection, F. Louis prit la conduite du Couvent de Fossombrun, et les autres furent destinés aux autres Monastères, et les Familles placées dans les lieux, furent assignées à leurs Supérieurs. Enfin, après des actions de grâces solennelles rendues publiquement à Dieu, tandis que tous les Frères se retirent dans leurs Monastères, F. Mathieu se prépare à sa Charge des Visites.