Chapitre 12
Qu’on ne quête ni chair ni œufs ni fromage.
Nous ordonnons encore, qu’on ne mendie point avec empressement, ni Chair, ni œufs, ni fromage, que si les Fidèles en offrent volontairement au Quêteur, on les pourra recevoir ; pourvu qu’on garde, et reluise en tout, la vertu de la sainte pauvreté, et si les Bien-faiteurs en envoient aux Monastères, qu’y prennent garde extrêmement les Supérieurs, et les autres Frères, crainte que s’ils en ont suffisamment, ils ne se laissent vaincre à l’avarice, et à des désirs déréglés, comme peu soumis aux Ordres de la divine Providence, qu’ils n’en reçoivent plus, que leurs besoins, et qu’ils n’en réservent pas, à une manière de vie, ou trop soigneuse du futur, ou trop délicate. Mais qu’ils les refusent plutôt, considérant l’état de la haute Pauvreté, dont ils ont fait leur promesse à Dieu.
En effet, c’est ici la Pauvreté, qui comme l’a enseigné notre Père Saint François, nous a établis (mes très aimés Frères) héritiers, et Rois du Royaume du Ciel, elle nous a fait pauvres en biens, et elle nous a élevés en Vertus, qu’elle soit votre portion, qui nous conduise à la Terre des Vivants : mais lorsqu’on reçoit ces choses, on doit considérer leur quantité, et leurs qualités, qui n’excèdent pas la Pauvreté de notre Règle.