Ordre des Frères Mineurs Capucins
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Chapitre 6

(69) Notre séraphique Père saint François, contemplant la très haute pauvreté du Christ, Roi du Ciel et de la terre, qui, à sa naissance, ne put trouver même une petite place à l’auberge ; qui, pendant sa vie, logea comme un pèlerin dans les maisons des autres, et qui, à sa mort, n’eut pas où reposer sa tête ; réfléchissant de plus qu’en toutes choses il était très pauvre, et voulant l’imiter, il ordonna aux frères de la Règle de ne rien posséder en propre, afin que, libres de tout encombrement, comme des pèlerins de la terre et des citoyens du Ciel, ils puissent courir avec empressement dans la voie de Dieu. Désirant imiter en vérité ce haut exemple du Christ, et mettre réellement en pratique le précepte séraphique de la pauvreté céleste, nous voulons qu’il soit entendu que nous n’avons, en réalité, aucune juridiction, propriété, possession juridique, usufruit, ni usage légal de quoi que ce soit, même des choses dont nous usons par nécessité.

(70) Nous ordonnons que dans chaque couvent soit tenu un inventaire dans lequel soit consigné le compte des choses les plus précieuses que les bienfaiteurs nous ont données pour notre usage simple et nécessaire. Dans l’octave de la fête de notre Père Séraphique, chaque gardien ira trouver le propriétaire du couvent, le remerciera de l’usage qu’il en a fait pendant l’année écoulée et le priera humblement de le laisser aux frères pour une année encore. S’il y consent, les frères pourront y habiter en toute tranquillité de conscience. S’il refuse, alors, sans signe de tristesse, bien plus, avec un cœur joyeux et une pauvreté divine, ils partiront, se sentant redevables à leur bienfaiteur pour le temps qu’il leur a été permis d’y habiter, et sans s’offenser de ce que le couvent lui appartient et qu’il n’est pas obligé de le lui offrir. Ils feront de même avec les autres objets de valeur, en portant les objets, tels que les calices et autres objets semblables, au bienfaiteur, quand cela sera commode, et en promettant au moins de les rendre si le propriétaire le désire. Quand les objets ne pourront plus servir, ils les rendront à leurs propriétaires ou demanderont la permission de les donner aux pauvres.

(71) Nous ordonnons aussi que lorsque les Frères voudront fonder un nouveau couvent, ils iront d’abord trouver l’Ordinaire du lieu ou son Vicaire et lui demanderont d’ouvrir une maison dans son diocèse. Après avoir obtenu la permission et avec sa bénédiction, ils iront trouver les autorités civiles ou les bienfaiteurs et leur demanderont un emplacement.

(72) Les Frères se garderont d’accepter un lieu avec l’obligation de le conserver. Si cela leur est demandé, ils ne l’accepteront pas sans protester expressément qu’ils sont libres de le quitter quand cela s’avérera opportun pour la pure observance de la Règle. Ainsi, ils ne feront pas scandale en partant.

(73) Et comme nous devons, comme les pèlerins et à l’exemple des anciens patriarches, vivre dans des demeures humbles ou des cabanes et des lieux tranquilles, nous exhortons les frères à se souvenir des paroles de notre Père séraphique dans son Testament, où il leur défend d’accepter sous aucun prétexte des églises ou des maisons qui leur seraient construites, à moins qu’elles ne soient conformes à la plus haute pauvreté. Les frères eux-mêmes ne doivent pas ériger ou consentir à ériger des édifices somptueux. Les frères ne doivent pas non plus, pour plaire aux grands de ce monde, déplaire à Dieu, violer la règle, scandaliser leur prochain et offenser la pauvreté évangélique qu’ils professent. Il doit y avoir une grande distinction entre les résidences palatiales des riches et les habitations misérables des pauvres mendiants, pèlerins et pénitents. Il est donc ordonné qu’aucun lieu construit par nous ou par d’autres ne soit accepté, et que les frères ne construisent ou ne permettent de construire aucune maison qui ne soit conforme à la très sainte pauvreté.

(74) Pour plus de sûreté, les Frères conviendront d’un petit édifice modèle sur lequel ils construiront. Les cellules ne dépasseront pas neuf pieds de longueur et de largeur, et dix de hauteur ; les portes sept pieds de hauteur et deux pieds et demi de largeur ; le couloir du dortoir six pieds de largeur. De même, les autres offices seront petits, humbles, pauvres et sans prétention, afin que tout prêche l’humilité, la pauvreté et le mépris du monde. Les églises seront petites, pauvres et pieuses. Les prédicateurs ne voudront pas que nos églises soient spacieuses, car, comme le dit saint François, nous donnons un meilleur exemple en prêchant dans d’autres églises que dans la nôtre, surtout si nous enfreignons ainsi la sainte pauvreté.

(75) Pour éviter tout ce qui pourrait transgresser la pauvreté, il est expressément interdit aux Frères de se mêler de la construction de l’édifice, sauf pour attirer l’attention des personnes chargées de la direction sur la forme simple du modèle, ou pour leur offrir une aide manuelle. Les frères s’efforceront, autant que possible, d’utiliser des petites branches et de l’argile, des roseaux, des tuiles et des matériaux communs, à l’exemple de notre Père, et comme signe d’humilité et de pauvreté. Ils prendront pour modèles les humbles demeures des pauvres, et non les demeures modernes.

(76) Pour éviter tout désordre, il est ordonné qu’aucun lieu ne soit accepté ou abandonné, ni construit ou détruit sans la permission du Chapitre provincial et du Vicaire général. Aucun Gardien ne fera d’extensions ou de démolitions sans la permission du Vicaire provincial qui, avec quelques autres frères compétents, déterminera le plan de nos couvents.

(77) Afin que les séculiers puissent profiter de nos services spirituels et qu’ils puissent nous aider dans nos besoins temporels, nous ordonnons que nos couvents ne soient pas construits dans des endroits trop éloignés des villes, des bourgs ou des villages, ni trop près d’eux, de peur que nous soyons victimes de trop fréquents contacts avec les séculiers. Les couvents seront, en règle générale, à deux kilomètres et demi de distance, préférant toujours, à l’exemple de nos vénérables Pères et surtout de notre Saint-Père, habiter dans des lieux solitaires et peu fréquentés, plutôt que dans des villes agréables.

(78) Il est aussi prescrit que dans nos maisons il y aura une modeste chambre avec cheminée, afin que, selon la charité et autant que notre pauvreté le permettra, nous puissions recevoir des pèlerins et des étrangers quand cela sera nécessaire.

(79) Il est aussi prescrit que, partout où cela sera commode, il y aura une ou deux modestes cellules dans les bois ou dans d’autres lieux, réservées aux frères. Ces cellules seront quelque peu éloignées de la demeure commune des frères et dans un lieu solitaire, afin que si un frère désire mener une vie érémitique, lorsque son prélat le jugera bon, il puisse dans la retraite paisible et comme les anges, se donner entièrement à Dieu, selon que l’Esprit de Dieu le lui inspirera. Pour que les frères ainsi retirés puissent jouir de Dieu en paix, il est ordonné que les autres frères ne leur parlent pas, sauf à leur père spirituel qui pourvoira à leurs besoins comme à une mère, selon le pieux désir de notre père séraphique et comme nous le lisons dans le Livre des Conformités.

(80) Il est en outre ordonné que si dans les lieux que les Frères ont acceptés, il y a des vignes ou des arbres superflus, ils ne seront pas coupés. Avec le consentement des propriétaires, ils en donneront les fruits aux pauvres. Les vignes seront cultivées et, si elles portent des fruits, elles seront plantées en d’autres lieux ou données aux pauvres.

(81) Selon la doctrine de l’Évangile, les chrétiens, et donc à plus forte raison les Frères mineurs qui ont choisi de suivre le Christ, Maître suprême et miroir sans tache, de plus près dans la voie de la très sainte pauvreté, doivent se rappeler que leur Père céleste est capable et disposé à les gouverner et à les pourvoir. Contrairement aux païens, qui ne croient pas à la Providence divine, ils ne chercheront pas avec une sollicitude anxieuse et excessive à se procurer les biens de ce monde que le Dieu très généreux accorde de sa main généreuse, même aux créatures irrationnelles ; mais, comme enfants du Père éternel, abandonnant toute sollicitude charnelle, ils se confieront en tout à la libéralité divine et s’abandonneront à son infinie bonté. Nous ordonnons donc qu’on ne fasse dans nos maisons aucune provision, même des choses nécessaires à la vie, qu’on peut se procurer quotidiennement par la mendicité, que pour deux ou trois jours, ou au plus pour une semaine, selon les besoins des temps et des lieux. Les fruits ne seront pas amassés, sauf pour un court laps de temps, selon le jugement du Provincial.

(82) Pour éviter que les provisions ne soient excessives, nous ordonnons qu’on n’ait pas de tonneaux dans nos maisons, mais seulement quelques petits vases ou fioles. En hiver, on pourra fournir du bois pour deux ou trois mois.

(83) Et pour que notre état de mendiant ne soit pas riche et délicat, pour que ce ne soit pas une pauvreté de nom et non de fait, nous ordonnons que, sauf pour les malades, les frères ne demandent pas, même pendant la semaine précédant le carême, des aumônes telles que de la viande, des œufs, du fromage, du poisson ou toute autre nourriture inconvenante à notre humble état. Si de telles choses sont offertes aux frères, ils peuvent les accepter, pourvu qu’elles ne violent pas la pauvreté.

(84) Les frères doivent surtout prendre garde à ce que, par l’abondance des aumônes qui leur sont faites par la faveur des grands, par la foi du peuple et par la dévotion du monde, ils ne deviennent des enfants illégitimes de saint François et n’abandonnent leur très sainte mère la pauvreté. Qu’ils se rappellent ces belles paroles que notre Père séraphique avait coutume de répéter dans les transports de son amour : « Je rends grâces à Dieu de ce que, par sa bonté, j’ai toujours été fidèle à mon épouse bien-aimée, la Pauvreté ; et je n’ai jamais volé d’aumônes, car j’ai toujours accepté moins que ce dont j’avais besoin, afin que les autres pauvres ne soient pas privés de leur part. Agir autrement aurait été un vol devant Dieu. »

(85) Nous ordonnons en outre que, dans les cas de famine, les Frères, désignés à cette tâche par leurs Prélats, iront chercher de la nourriture pour secourir les pauvres, à l’exemple de notre Père très dévoué qui montra une grande compassion pour les pauvres. Lorsqu’une aumône lui était donnée par amour de Dieu, il ne l’acceptait qu’à condition de pouvoir la donner aux pauvres, s’il en trouvait un plus pauvre que lui. Nous lisons que souvent, de peur de se trouver sans le vêtement nuptial et évangélique de la charité, il se dépouillait de ses propres vêtements et les donnait aux pauvres, plutôt que d’être privé de la flamme ardente de l’amour divin.

(86) Puisque la pauvreté volontaire ne possède rien, et pourtant est riche de toutes choses, est heureuse, n’a ni crainte, ni désir, et ne peut rien perdre, parce que son trésor est en la plus sûre garde, nous décidons, pour extirper vraiment et efficacement toute occasion de propriété, que les clefs des cellules, des coffres, des bureaux, etc. ne seront gardées par aucun frère, sauf par les officiers qui ont la charge des choses à distribuer à la communauté, comme il est juste et raisonnable.

(87) Et comme nous ne possédons rien dans ce monde, aucun frère n’est autorisé à donner quoi que ce soit aux séculiers sans la permission des gardiens, qui eux-mêmes ne peuvent donner ni permettre que d’autres donnent, sauf pour des choses insignifiantes ou sans valeur, sans la permission de leur vicaire provincial.

(88) Pour soulager les malades, comme le veut la raison, comme le commande la Règle et comme le demande la charité fraternelle, nous ordonnons que, lorsqu’un frère tombe malade, le Père Gardien désigne immédiatement un frère apte à le soigner dans tous ses besoins. Si le malade a besoin d’un changement de lieu, il y pourvoira immédiatement. Que chaque frère considère ce qu’il aurait fait pour lui-même en cas de maladie. Aucune mère, comme l’exprime notre Père affectueux dans la Règle, n’est aussi tendre et dévouée à son fils unique que chacun d’entre nous devrait l’être à son frère spirituel.

(89) Et comme ceux qui sont détachés de ce monde trouvent doux, juste et charitable de mourir par amour pour Celui qui est mort pour nous sur la Croix, nous ordonnons que, pendant les épidémies, les frères secourent les affligés selon les règles de leurs Vicaires. Mais les Vicaires auront toujours l’œil ouvert de la charité prudente pour de telles occasions.

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