Ordre des Frères Mineurs Capucins
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Chapitre 4

(57) Notre Père saint François, connaissant la doctrine apostolique, était convaincu que le désir de l’argent est la racine de tous les maux ; et voulant l’extirper complètement du cœur de ses fils, il ordonna aux Frères dans la Règle de ne recevoir d’argent ni par eux-mêmes ni par l’intermédiaire d’autrui. Et pour mieux les faire comprendre, comme une chose qui lui tenait à cœur, il la répéta trois fois dans la Règle. Le Christ, Notre Seigneur, a aussi dit : « Gardez-vous de toute convoitise ». Désirant donc réaliser entièrement et pleinement le pieux désir de notre Père, qui a été inspiré par le Saint-Esprit, nous ordonnons que les Frères n’aient en aucune façon de procureur, ni aucune autre personne – sous quelque nom que ce soit – qui reçoive ou détienne de l’argent pour eux, soit à leur instigation, à leur demande, soit en leur nom, pour quelque intérêt ou cause que ce soit. Mais notre procureur et avocat sera Jésus-Christ, et tous les anges et les saints seront nos amis spirituels.

(58) Comme la pauvreté sublime fut l’épouse choisie du Christ, Fils de Dieu, et de son humble serviteur, notre Père saint François, les Frères doivent se rappeler qu’ils ne peuvent lui faire tort sans déplaire grandement à Dieu, et que l’offenser, c’est vraiment toucher à la prunelle de ses yeux. Le Père séraphique avait coutume de dire que ses vrais Frères ne devaient pas considérer l’argent plus que la poussière, et le redouter comme un serpent venimeux. Combien de fois notre Père pieux et zélé, prévoyant en esprit que beaucoup, négligeant cette perle de l’Évangile, se relâcheraient en acceptant des legs, des héritages et des aumônes superflues, pleurait sur leur chute, disant que le Frère était près de la perdition qui estimait l’argent plus que la boue.

(59) L’expérience nous enseigne qu’un Frère ne se débarrasse pas plutôt de la sainte pauvreté qu’il tombe dans tous les grands vices. Les frères, à l’exemple du Sauveur du monde et de sa très chère Mère, s’efforceront donc d’être pauvres en biens terrestres, afin d’être riches en grâces divines, en saintes vertus et en trésors célestes. Surtout, lorsqu’ils visiteront un malade, ils se garderont de l’inciter, directement ou indirectement, à nous laisser des biens temporels. Même s’il le désire de lui-même, les frères l’en dissuaderont autant qu’ils le pourront, se rappelant qu’ils ne peuvent posséder en même temps richesse et pauvreté. Les legs ne seront pas acceptés.

(60) Pour posséder plus sûrement ce précieux trésor de la pauvreté, nous défendons aux frères de recourir aux amis spirituels, même pour les choses nécessaires, quand on peut se les procurer aisément par d’autres moyens permis par la Règle. Pour être moins onéreux pour nos amis, aucun frère ne doit se procurer quoi que ce soit de grande valeur sans la permission du Vicaire provincial. Il n’est pas interdit de recourir aux amis spirituels pour les choses nécessaires qui ne peuvent se procurer d’aucune autre manière. Dans tous les cas de recours, il faut qu’il y ait une réelle nécessité et la permission des Supérieurs.

(61) Et puisque nous sommes appelés à cette vie pour mortifier l’homme extérieur et vivifier l’esprit, nous exhortons les Frères à s’habituer à supporter les privations dans les choses terrestres, à l’exemple du Christ, qui, bien que Seigneur de tous, a choisi pour nous d’être pauvre et de souffrir.

(62) Que les Frères se gardent du démon de midi qui se transforme en ange de lumière. Cela arrive quand le monde, par dévotion, nous applaudit et se réjouit, nous gâtant avec des conforts terrestres, qui ont très souvent été la cause de bien des maux dans la religion. Qu’ils ne désirent pas être du nombre de ces faux pauvres qui, selon le mot de saint Bernard, veulent être pauvres de telle manière qu’ils ne manquent de rien.

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