Ordre des Frères Mineurs Capucins
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Chapitre 3

(30) Quant au troisième chapitre : Notre Père Séraphique, parfaitement catholique, apostolique et éclairé par le Saint-Esprit, a toujours eu une vénération particulière pour l’Église romaine, comme juge et mère de toutes les autres Églises. C’est pourquoi il a prescrit dans la Règle que les clercs doivent dire l’Office selon l’ordre de la Sainte Église romaine, et dans son Testament il leur a défendu de le modifier en aucune façon. Nous ordonnons donc que les Frères, unis en esprit sous la même bannière et appelés à la même fin, observeront les mêmes rites que ceux en usage dans la Sainte Église romaine en ce qui concerne le Missel, le Bréviaire et le Calendrier. Et les clercs ainsi que les frères convers diront les cinq Offices des morts, comme prescrit par le Calendrier.

(31) Les clercs et les prêtres peu instruits liront d’avance ce qu’ils doivent lire publiquement à la messe et à l’office divin, de peur que leur façon indigne de traiter les choses divines ne trouble les auditeurs et n’excite contre eux les anges qui assistent aux louanges divines. Et à la messe et à l’office divin, ils ne diront que ce qui est dans le Missel et le Bréviaire, en observant les cérémonies prescrites.

(32) Nous exhortons les prêtres, lorsqu’ils célèbrent la messe, à ne pas avoir l’œil de leur intention tourné vers la faveur ou la gloire humaine ou vers quoi que ce soit de temporel, mais à ne s’occuper que de l’honneur divin avec un cœur simple, pur et net, célébrant par pure charité, avec humble révérence, foi et dévotion. Ils se prépareront autant que leur faiblesse le leur permettra, car celui qui accomplit l’œuvre du Seigneur avec négligence est dénoncé comme maudit ; et comme c’est, de toutes les actions, la plus sublime, son exécution irrévérencieuse est extrêmement déplaisante.

(33) Et qu’à l’exemple du Christ, grand prêtre, qui s’est offert lui-même pour nous sur la croix sans récompense, ils ne se soucient pas de recevoir une récompense terrestre pour avoir célébré, mais qu’ils comprennent plutôt que par là leur dette envers Dieu s’accroît. Nous exhortons les autres frères qui assistent à la messe à assister à ces divins mystères avec la plus grande révérence, dans l’esprit des anges, en se tenant en présence de Dieu, en s’efforçant spirituellement de célébrer et de communier, et d’offrir à Dieu ce sacrifice très agréable.

(34) Et comme la célébration de la Messe est un acte de la plus haute importance, nous ordonnons que, selon les règles canoniques, aucun clerc ne pourra être ordonné prêtre avant d’avoir atteint l’âge de vingt-quatre ans, et que ceux qui auront été ordonnés ne célébreront la Messe qu’après avoir atteint l’âge prescrit. Nous ordonnons en outre qu’aucun clerc ne sera promu au sacerdoce s’il n’a pas, outre un bon esprit, assez de science pour comprendre et prononcer correctement les paroles qu’il dit en célébrant. Et dans toutes leurs messes et prières, ils se souviendront de nos bienfaiteurs, en priant Dieu de les récompenser abondamment dans la vie présente et future.

(35) Les clercs et les prêtres, s’ils n’en sont pas légitimement empêchés, se rendront promptement au chœur dès le premier son de cloche de l’Office divin, pour préparer leurs cœurs au Seigneur. Là, dans la dévotion, le calme, la mortification, le recueillement et le silence, ils se rappelleront qu’ils sont en présence de Dieu, sur le point de s’engager dans la fonction angélique de chanter les louanges divines.

(36) L’Office divin sera dit avec toute la dévotion, l’attention, la gravité, l’uniformité de voix et l’harmonie d’esprit qui conviennent, sans être prolongés ni disjoints, et la voix ne sera ni trop haute ni trop basse, mais modérée. Les frères s’efforceront de chanter les louanges de Dieu plus avec le cœur qu’avec les lèvres, de peur qu’on ne dise d’eux ce que notre Très Doux Sauveur a dit aux Juifs : « Ce peuple m’a honoré des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »

(37) Les frères convers se rassembleront au début des Matines, des Vêpres, des Complies et pendant le Te Deum laudamus ; et lorsque la préparation communautaire sera terminée et que l’Office commencera, ils pourront se retirer dans un lieu qui conviendra à leur dévotion, pour dire les Pater Noster, fixés par la Règle. Les frères convers et les clercs, s’ils n’en sont pas empêchés pour une raison valable, assisteront aux vêpres et assisteront à autant de messes qu’ils le pourront.

(38) Afin de maintenir une pauvreté très élevée, une paix spirituelle et une humilité sans faille, afin de favoriser une bonne relation entre nous et les autres clercs et prêtres, et afin d’éviter tout ce qui pourrait avec le temps laisser une tache sur notre Ordre, nous ordonnons que les morts ne soient pas enterrés dans nos lieux, à moins que l’un d’eux ne soit si pauvre qu’il n’ait même pas quelqu’un pour l’enterrer. Dans ces cas, nous devons faire preuve de la plus grande charité.

(39) On ne fera pas d’enterrement dans nos lieux, ni de séculiers ni de frères, car dans nos églises, à cause de la présence du Christ très pur, il ne doit y avoir aucune souillure, mais on les enterrera dans un lieu convenable, près de l’église ou du cloître. Quand les frères visiteront les malades, ils se garderont non seulement de les inciter à être enterrés dans nos lieux, mais les en dissuaderont plutôt. Et pour éviter que cela ne devienne une cause de scandale, ils les informeront et les instruiront à ce sujet.

(40) Quand l’un de nos frères mourra, les autres auront soin, avec une charité aimante, de recommander son âme à Dieu. Et dans la province où il mourra, chaque prêtre célébrera une messe, les clercs diront l’office des morts, les frères convers cent Notre Père. Et chaque semaine, chaque prêtre célébrera une messe pour nos frères défunts.

(41) Puisque la sainte oraison est notre maîtresse spirituelle, afin que l’esprit de dévotion ne diminue pas chez les frères, mais qu’il brûle continuellement sur l’autel sacré de notre cœur et s’enflamme toujours davantage, comme l’a voulu notre Père séraphique, nous ordonnons que, bien que le vrai frère mineur spirituel doive toujours prier, deux heures spéciales soient réservées aux frères tièdes, l’une après Complies pendant toute l’année, l’autre, de Pâques jusqu’à l’Exaltation de la Croix, immédiatement après None, sauf les jours de jeûne, où elle aura lieu après Sexte, et de l’Exaltation de la Croix jusqu’à Pâques, après Matines.

(42) Les frères se souviendront que la prière n’est rien d’autre que parler à Dieu avec le cœur. Par conséquent, celui qui parle à Dieu avec les lèvres ne prie pas. Que chacun s’efforce donc de prier mentalement et selon l’enseignement du Christ, en s’efforçant d’éclairer l’esprit et d’enflammer les affections bien plus que de formuler des paroles. Avant la méditation du matin, après None ou Matines, ou les jours de jeûne, après Sexte, ils réciteront les litanies en suppliant tous les saints de prier Dieu avec nous et pour nous. Et aucun autre office ne sera dit au chœur, sauf celui de la Sainte Vierge, afin que les frères aient plus de temps à consacrer à l’oraison personnelle et mentale, qui est beaucoup plus fructueuse que l’oraison vocale.

(43) Notre Père Séraphique, comme il ressort du début et de la fin de la Règle, a voulu qu’une vénération particulière soit rendue au Souverain Pontife comme Vicaire de Jésus-Christ, ainsi qu’à tous les Prélats et prêtres. Nous ordonnons donc qu’en plus des prières dites en commun, chaque Frère, dans ses prières particulières, implore la divine Bonté pour le salut de l’Église militante et pour Sa Sainteté le Pape, afin qu’il lui soit donné la grâce de voir clairement, de vouloir efficacement et d’exécuter avec succès tout ce qui peut servir à l’honneur et à la gloire de la divine Majesté, au salut du peuple chrétien et à la conversion des infidèles. Ils prieront aussi pour les Éminents Cardinaux, pour les Évêques et les Prélats en communion avec le Souverain Pontife, pour le Très Excellent Empereur, pour tous les Rois et Princes chrétiens, et pour tous les autres, spécialement pour ceux à qui nous sommes le plus redevables.

(44) Le silence étant la sauvegarde de l’esprit religieux, et comme, selon saint Jacques, la religion de celui qui ne s’abstient pas de parler est vaine, nous ordonnons que le silence évangélique soit toujours observé, autant que notre faiblesse le permettra, sachant que, comme le dit la Vérité infaillible, Jésus-Christ, pour chaque parole oiseuse nous en rendrons compte. Si grande est en effet l’abondance des faveurs divines, que ce n’est pas une faute légère pour un frère consacré au service de Dieu de parler de choses profanes.

(45) Quant au silence régulier, il sera perpétuel dans l’église, le cloître et le dortoir ; mais au réfectoire, le silence sera observé depuis le premier signe donné à table jusqu’à la prière des grâces après le repas. De même, le silence sera observé partout après Complies jusqu’à Prime, et depuis Pâques jusqu’à l’Exaltation de la Croix, le signe du silence sera donné après Sexte jusqu’à la fin de la méditation après None. Et celui qui le rompra dira cinq Pater et Ave dans le réfectoire, les bras étendus en forme de croix. Les frères sont exhortés à s’habituer à parler toujours et en tout lieu d’un ton bas et humble, avec modestie et charité.

(46) Nous ordonnons en outre que les frères ne quittent pas le couvent seuls, mais qu’ils aient un compagnon, à l’exemple des saints disciples de notre Très Saint Sauveur. Ils se reprendront fraternellement et, si l’avis n’est pas suivi, ils feront connaître leurs fautes à leurs prélats. Et ils ne voyageront pas sans l’obéissance de leur prélat par écrit et estampillé du sceau du père vicaire ou du supérieur du lieu ; c’est pourquoi chaque maison aura, selon l’ancienne coutume religieuse, son propre sceau. Ils ne se sépareront pas en chemin ni ne se querelleront, mais comme frères en Christ, ils s’efforceront avec toute humilité et charité de s’obéir et de se servir spirituellement les uns les autres.

(47) Puisque saint François dit dans son Testament que le Seigneur lui a révélé qu’en saluant quelqu’un, nous devons dire, à l’exemple du Christ : « Que le Seigneur vous donne sa paix », nous ordonnons aux frères d’utiliser toujours cette salutation évangélique.

(48) Comme les vrais frères doivent s’appuyer avec une foi vive sur leur bon et généreux Père céleste, nous ordonnons qu’en voyage ils ne prennent ni vin, ni viande, ni œufs, ni nourriture délicate ou riche, mais qu’ils laissent tout soin d’eux-mêmes à Dieu, qui nourrit non seulement les animaux irrationnels, mais même ceux qui l’offensent constamment. Les frères ne s’arrêteront pas dans les villes ou les villages pour dormir ou manger, si nos monastères sont proches, sauf en cas de grande nécessité.

(49) Comme le plaisir des fêtes mondaines entraîne facilement la souillure spirituelle, nous ordonnons aux frères de ne pas aller aux fêtes, si ce n’est pour prêcher la Parole de Dieu, à l’exemple du Christ qui, invité à une fête, a préféré prêcher. Qu’ils se souviennent que, selon l’apôtre saint Paul, ils sont donnés en spectacle au monde, aux anges et aux hommes ; et qu’ils s’efforcent de vivre d’une manière exemplaire afin que, par les hommes, Dieu soit glorifié et non blasphémé.

(50) Puisque l’abstinence, l’austérité et la mortification sont hautement recommandées par les saints, et que nous avons choisi une vie sévère, à l’exemple du Christ notre Seigneur et de saint François, nous exhortons les frères à observer le saint carême que saint François avait coutume d’observer, même si le frère mortifié jeûne toujours. Les frères ne prendront pas de collations excessives ou superflues, mais des collations ordinaires. Le mercredi, ils s’abstiendront de viande.

(51) Pour préserver l’esprit de mortification, on ne servira pas à table plus d’une sorte de soupe. Mais pendant le jeûne, on ajoutera une salade chaude ou froide. Et les frères se rappelleront que s’il faut peu pour satisfaire la nécessité, rien ne peut satisfaire la sensualité.

(52) Et afin que, selon la doctrine de Notre-Seigneur, nos cœurs ne soient pas surchargés par l’ivresse et l’excès de nourriture, mais que nos esprits soient clairs et nos sens mortifiés, nous ordonnons qu’on ne serve pas de vin à table, à moins qu’il ne soit mêlé d’une bonne quantité d’eau ; même alors, cela doit paraître un luxe, quand nous nous rappelons que, selon le séraphique saint Bonaventure, notre père saint François n’osait guère boire assez d’eau froide pour étancher sa soif, et disait qu’il est difficile de satisfaire à la nécessité sans céder à la sensualité. Il paraîtra doux aux frères de se rappeler que l’eau fut refusée au Christ sur la croix, et qu’on lui donna à la place du vinaigre et du fiel. Saint Jérôme écrit que de son temps les moines, si faibles qu’ils fussent, ne buvaient que de l’eau, et que manger des choses cuites était considéré comme un luxe.

(53) Nous ordonnons qu’on ne fasse aucune faveur à table, sauf à l’égard des malades, des voyageurs, des frères âgés et délicats, lorsque la charité l’exige. Si l’un des frères veut s’abstenir de vin, de viande, d’œufs ou d’autres aliments, et jeûner plus que de coutume, le prélat ne l’en empêchera pas, s’il voit que cela ne nuit pas à sa santé, mais il l’y encouragera, pourvu qu’il mange avec les autres frères. En signe de pauvreté, on ne se servira pas de nappes, mais on permettra à chaque frère de prendre une serviette simple. Pendant les repas, on lira quelque livre spirituel, afin que non seulement le corps, mais bien plus encore l’esprit soit nourri.

(54) Nous ordonnons en outre que les frères, selon notre état de pauvreté, ne demandent ni ne reçoivent de mets délicats. De même, ils n’utiliseront pas d’épices, sauf pour les malades, envers lesquels il faut faire preuve de la plus grande charité, comme le prescrivent la Règle et toute loi juste, à l’exemple de notre Père séraphique qui n’a pas eu honte de demander publiquement de la viande pour les malades. Et si on nous donne de la nourriture superflue, les frères la refuseront avec d’humbles remerciements, ou, avec le consentement des bienfaiteurs, la distribueront aux pauvres.

(55) Comme certains des anciens patriarches ont mérité par leur hospitalité le privilège d’accueillir des anges, nous ordonnons que dans chacun de nos couvents soit nommé un frère qui aura le plus grand soin de recevoir les étrangers avec la plus grande charité. Et, à l’exemple de l’humble Fils de Dieu, il leur lavera les pieds, assemblant tous les frères pour cet acte de charité, et ils réciteront en même temps quelque hymne ou psaume pieux, se considérant toujours comme des serviteurs inutiles, même après avoir fait tout ce qui était en leur pouvoir.

(56) Pour que notre corps ne se rebelle pas contre l’esprit, mais lui soit soumis en toutes choses, et en mémoire de la très amère Passion et surtout de la cruelle flagellation de notre très doux Sauveur, il est ordonné que les disciplines habituelles des lundis, mercredis et vendredis ne soient pas omises, même aux grandes fêtes. La discipline sera faite après Matines, sauf s’il fait très froid ; dans ce cas, elle sera faite le soir. Pendant la Semaine Sainte, la discipline sera faite tous les soirs. Et les frères, tout en se châtiant, penseront avec un cœur compatissant au doux Christ, Fils de Dieu, attaché à la colonne, et s’efforceront de sentir en eux-mêmes un peu de ses cruelles souffrances. Et après le Salve Regina, ils diront cinq prières pieuses.

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