Chapitre 17
Que nul des frères ne prêche contre la forme et les règles de la sainte Eglise romaine ni sans la permission de son ministre.
Que le ministre fasse attention à ne la concéder qu’en connaissance de cause. Mais que tous les frères prêchent par leurs exemples. Qu’aucun ministre ou prédicateur ne s’attribue en propre le ministère des frères ou l’office de la prédication, mais qu’à toute heure où on le lui commandera, qu’il abandonne sa charge sans réflexions.
Aussi je conjure dans la charité de Dieu tous mes frères prédicateurs, orateurs et travailleurs, clercs ou lais, de s’appliquer à s’humilier en tout, de ne pas se glorifier ni de se réjouir, de ne pas s’exaller intérieurement de leurs beaux discours ou de leurs belles oeuvres, ni de quelque bien que ce soit, opéré, dit ou fait quelquefois par Dieu en eux et par eux. Le Seigneur dit : Ne prenez pas sujet de joie de ce que les esprits vous sont soumis 1.
Sachons bien que nous n’avons en propre que nos vices et nos péchés. Et nous avons plutôt sujet de nous réjouir lorsque nous sommes en butte à diverses tentations, lorsque nous souffrons dans notre âme et notre corps toutes sortes d’angoisses et de tribulations en ce monde pour la vie éternelle.
Aussi, mes frères, prenons tous garde à toute espèce d’orgueil et à la vaine gloire. Gardons-nous de la sagesse de ce monde et de la prudence de la chair : l’esprit de la chair cherche plutôt des paroles et se soucie peu des actes, il ne s’occupe pas d’une religion et d’une sainteté intérieure de l’esprit, il désire et il veut une religion et une sainteté d’apparence extérieure. C’est de ceux-là que le Seigneur a dit : En vérité je vous l’affirme, ils ont recu leur récompense 2.
L’esprit du Seigneur veut que la chair soit mortifiée, méprisée, vile, abjecte et injuriée, il cherche l’humilité et la patience, la pure simplicité, la véritable paix de l’esprit; et avant tout il désire la crainte divine, la sagesse divine et l’amour divin du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint.
Et rapportons tous ces biens au Très-Haut Souverain Seigneur et Dieu, reconnaissons tous ses biens, rendons-lui en grâces, à lui d’où procède tout bien. Que le Très-Haut, le Souverain Seigneur, le seul vrai Dieu possède, reçoive et accepte tous les honneurs et respects, toutes les louanges et bénédictions, toutes les actions de grâces, toute la gloire, Lui d’où vient tout bien, Lui qui seul est bon. Et quand nous voyons faire le mal ou que nous entendons un blasphème contre Dieu, bénissons le Seigneur, faisons une bonne oeuvre et louons Celui qui est béni dans les siècles. Amen.