Chapitre 9

Que tous les frères s’étudient à suivre l’humilité et la pauvreté de Notre-Seigneur Jésus-Christ; qu’ils se souviennent que nous ne devons avoir de tout le monde que la nourriture et les vêtements, et cela nous suffit comme dit l’Apôtre ¹.

Et ils doivent se réjouir de se trouver au milieu des personnes humbles et méprisées, des pauvres et des infirmes, des malades, des lépreux et des mendiants du chemin. Et quand c’est nécessaire qu’ils aillent demander l’aumône. Et qu’ils n’en rougissent pas et qu’ils songent plutôt que Notre-Seigneur Jésus-Christ, fils du Dieu vivant et tout-puissant a joué le rôle d’une pierre dure ² et qu’il n’en a pas eu honte; il a vécu d’aumônes, lui, la bienheureuse Vierge et ses disciples.

Et si les hommes humilient les frères et ne veulent pas leur donner l’aumône, que ceux-ci en remercient Dieu : pour cette honte ils recevront de grands honneurs au tribunal de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Et qu’ils sachent que cette humiliation est imputable non à ceux qui la souffrent, mais à ceux qui l’occasionnent. L’aumône est un héritage et un droit dû aux pauvres, à nous acquis par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Les frères qui l’acquièrent par leur travail auront une grande récompense, ils procurent des avantages et des bénéfices à ceux qui la font : car tout ce que les hommes laissent au monde périra ; mais la charité et l’aumône seront récompensés par le Seigneur.

Et que les frères se manifestent réciproquement leurs nécessités pour se procurer et se trouver ce dont ils ont besoin. Et que chacun aime et nourrisse son frère, comme une mère aime et nourrit son enfant. Dieu leur en donnera la grâce.

Et que celui qui mange ne méprise pas celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge pas celui qui mange. Et quand la nécessité l’exigera, que tous les frères où qu’ils soient, puissent manger de tout ce que les autres hommes peuvent prendre, comme le dit le Seigneur de David, qui mangea les pains de proposition permis aux seuls prêtres ³.

Que les frères se souviennent de la parole du Seigneur : Ayez soin de ne pas vous laisser appesantir par la bonne chère, l’ivresse et les soucis de cette vie, de peur que le jour de la mort ne se révèle soudain à vous, car il tombera comme un filet sur tous ceux qui habitent la face de la terre ⁴. Pareillement qu’en temps de toute autre nécessité, les frères s’arrangent pour leurs besoins comme Dieu les en inspirera, car la nécessité n’a pas de loi.