Chapitre 8
Le Seigneur fait celte prescription dans l’Évangile : Attention, gardez-vous de toute malice et de toute avarice, défiez-vous de toutes les sollicitudes de ce siècle et des préoccupations de cette vie 1.
Aussi que nul des frères, en quelque lieu qu’il soit de présence ou de passage, que nul en aucune façon ne prenne, ne reçoive ou ne fasse toucher deniers ou pécune, ni pour avoir des habits ou des livres, ni comme salaire d’un travail, ni en quelque occasion que ce soit, sauf dans le cas de manifeste nécessité pour les frères malades. Nous ne devons pas estimer et apprécier la pécune et l’argent plus que des cailloux. Et le diable veut aveugler ceux qui désirent et apprécient l’argent plus que des pierres.
Prenons donc garde, nous qui avons tout laissé, à ne pas perdre pour si peu le royaume des cieux. Et si en quelque lieu nous trouvons des deniers, ne nous en soucions pas plus que de la poussière foulée par nos pieds, car c’est la vanité des vanités, et tout n’est que vanité 2.
Et s’il arrive un jour, ce qu’à Dieu ne plaise, qu’un frère ramasse et possède de la pécune ou des deniers, sauf dans le cas de la susdite nécessité pour les malades, que tous les frères, soient tenus de le regarder comme un faux frère, comme un voleur et un brigand, comme un propriétaire, jusqu’à ce qu’il ait fait pénitence.
Et qu’en aucune façon les frères ne recoivent ou ne fassent recueillir, qu’ils ne quêtent ou ne fassent quêter des aumônes ou de l’argent pour une maison ou pour un lieu; qu’ils n’accompagnent jamais les personnes qui font des quêtes de ce genre. Toutes les autres fonctions non contraires à notre vie, les frères peuvent les accomplir avec la bénédiction de Dieu. Toutefois les frères en cas de manifeste nécessité chez les lépreux, peuvent quêter l’aumône pour eux. Mais qu’ils craignent beaucoup l’argent. Pareillement que tous les frères évitent de courir de-ci de-là pour l’attrait d’un gain honteux.