Chapitre 7
Que nul des frères, en quelque lieu qu’il se trouve chez autrui pour servir ou pour travailler, ne soit jamais chambellan [ou chambrier], ni cellérier, ni intendant dans les maisons où il sert; qu’il n’accepte pas d’emploi capable de causer de l’étonnement ou d’apporter du préjudice à son âme; mais qu’il se fasse petit et se soumette à tous ceux qui sont dans la même maison.
Et que les frères qui savent travailler, travaillent et exercent leur ancien métier s’il n’est pas contraire au salut de leur âme et s’ils peuvent convenablement le faire. Car, dit le prophète : Vous vous nourrirez du travail de vos mains, et vous vous en trouverez heureux et content 1. Et l’Apôtre : *Que celui qui ne veut pas travailler ne mange pas 2. Et que chacun reste dans l’emploi et le métier auquel il était attaché 3.
Et que les frères puissent pour leur travail recevoir les choses nécessaires, excepté de l’argent. Et si cela devient nécessaire, qu’ils aillent demandant l’aumône comme les autres. Et qu’ils puissent avoir les instruments et les outils nécessaires à leurs travaux.
Que tous les frères mettent leur application à peiner dans un travail sain à l’âme, car il est écrit : Fais toujours quelque bonne oeuvre, pour que le démon te trouve occupé 4. Et encore : L’oisiveté est ennemie de l’âme 5. Aussi les serviteurs de Dieu doivent-ils toujours être en prières, ou dans une sainte occupation quelconque.
Que les frères prennent garde, où qu’ils soient, dans les ermitages ou autres lieux, à ne pas s’approprier aucune demeure ou à en chasser autrui. Et quiconque viendra vers eux, ami ou ennemi, voleur ou brigand, qu’il soit reçu avec bonté. Et partout où soient les frères et en quelque endroit qu’ils se trouvent, qu’ils se respectent et s’honorent religieusement et avec soin les uns les autres, sans murmures. Et que les frères fassent attention à ne pas paraître tristes et sombres comme des hypocrites, mais qu’ils se montrent joyeux dans le Seigneur avec un visage gai et rempli d’une avenante amabilité.