Chapitre 5
Gardez avec soin vos âmes et celles de vos frères, car il est horrible de tomber dans les mains du Dieu vivant 1. Si quelqu’un des ministres donnait à un frère un ordre contraire à nôtre règle ou contraire à la conscience, que le frère ne soit pas tenu de lui obéir, car il ne peut s’agir d’obéissance là où il y a faute ou péché.
Cependant que tous les frères qui sont sujets des ministres ou serviteurs, aient toujours l’oeil à examiner raisonnablement et diligemment la conduite des ministres ou serviteurs. Et s’ils voient l’un d’eux marcher charnellement, et non pas spirituellement suivant la perfection de notre vie, après une triple admonition, s’il ne s’amende pas, au chapitre de la Pentecôte, qu’on le dépose de sa charge de ministre et serviteur de toute la fraternité, sans aucune exception.
Si parmi les frères, où qu’ils soient, l’un d’eux veut marcher selon la chair et non selon l’esprit, que les frères ses compagnons l’avertissent, le reprennent et le corrigent avec soin et humilité. S’il refuse de s’amender après une troisième admonestation, que les frères le plus tôt possible le dénoncent à son ministre et serviteur ou l’envoient vers lui, lequel ministre et serviteur fera de lui ce qu’il jugera le plus convenable selon Dieu.
Et que tous les frères prennent bien garde, les ministres et serviteurs et les autres, à ne pas se troubler, à ne pas se mettre en colère à cause du péché ou du mauvais exemple d’autrui, car le démon par le péché d’un seul cherche à en corrompre beaucoup d’autres. Mais qu’ils viennent spirituellement en aide au coupable, de leur mieux, car ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades 2.
Semblablement que les frères ne se montrent pas autoritaires ou dominateurs, surtout entre eux. Le Seigneur le dit dans l’Évangile : les princes des nations dominent sur elles et les plus grands exercent sur elles leur puissance 3. Il n’en sera pas de même parmi les frères, et que celui qui veut être le plus grand parmi eux se fasse leur ministre 4 et serviteur et que le plus grand parmi eux se fasse le plus petit 5.
Qu’aucun frère ne dise ou ne fasse de mal à autrui; bien plus, que par charité spirituelle ils servent volontairement le prochain et s’obéissent mutuellement. C’est là la vraie et sainte obéissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et que les frères, quand ils s’écarteront des commandements du Seigneur et vagabonderont en dehors de 1‘obéissance, comme dit le prophète 6, que tous les frères sachent qu’ils sont maudits en dehors de l’obéissance et tant qu’ils demeurent sciemment dans ce péché. Et tant qu’ils persévèrent dans la loi du Seigneur qu’ils ont promise par le saint Évangile et par leurs regles, qu’ils sachent qu’ils se tiennent dans la véritable obéissance et qu’ils sont bénis du Seigneur.