Ordre des Frères Mineurs Capucins
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Prologue

Clément évêque, Serviteur des serviteurs de Dieu. Afin d’en conserver le souvenir à perpétuité.

Je suis sorti du Paradis… j’ai dit, j’arroserai le Jardin que j’ai planté : c’est ainsi que parle dans l’Ecriture ce Laboureur céleste, la vraie source de la Sagesse, le Verbe de Dieu, engendré de toute éternité par le Père, et demeurant en lui; qui s’est fait chair en ces derniers temps dans le sein d’une Vierge par l’opération du Saint-Esprit, et qui s’est rendu semblable aux hommes, pour accomplir le grand Ouvrage de leur Rédemption, et pour leur donner en sa personne le modèle de la Vie céleste qu’ils doivent mener.

Mais comme les soins de cette vie mortelle, dont ils sont accablés, les empêchent souvent de jetter les yeux de l’âme sur ce divin Modèle : Jésus-Christ, notre vrai Salomon a planté dans l’Eglise militante un Jardin délicieux entre les autres, éloigné du fracas du monde, où l’on pût s’appliquer plus tranquillement et plus sûrement à considérer et à méditer les actions d’un Modèle si parfait; et il est venu lui-même l’arroser des eaux fécondes de la Grâce et de la Doctrine spirituelle.

Ce Jardin est la sainte Religion des Frères Mineurs, qui est munie par l’Observance régulière, comme par de forts Remparts qui la ferment de tous côtés; et qui se contentant de Dieu seul, est ornée et enrichie au dedans d’un grand nombre de nouvelles plantes qui sont ses Enfants. C’est dans ce Jardin que le bien-aimé Fils de Dieu vient recueillir la Myrrhe de la mortification et de la pénitence, avec les parfums des vertus, lesquels répandent la douce odeur d’une Sainteté qui attire tout le monde. C’est là la Règle et la forme de cette Vie céleste que l’excellent Confesseur de Jésus-Christ, saint François a donnéé à ses Enfants, leur ayant appris par ses paroles et par son exemple à l’observer.

Or ceux qui ont fait Profession de cette Règle y étant fort affectionnés, comme de vrais Disciples et Enfants d’un si illustre Père; ils se sont toujours étudiés, ainsi qu’ils s’étudient encore avec beaucoup de ferveur, à l’observer purement, entièrement et inviolablement. Mais ayant remarqué qu’il y avait quelques Articles, dont le sens pouvait être obscur et douteux; pour s’en éclaircir ils ont déjà eu recours d’autres fois, fort sagement, au souverain Tribunal de l’Apostolat, aux pieds duquel ils doivent s’abaisser, comme il leur est recommandé par leur Règle même : afin qu’ayant par ce moyen une connaissance certaine de la vérité, ils puissent servir le Seigneur sans aucun scrupule, et avec une entière pureté de conscience.

Surquoi plusieurs de nos Prédécesseurs les Pontifes Romains, les uns après les autres ayant écouté favorablement leurs justes et pieuses Requêtes, ainsi qu’il était raisonnable, ils ont éclairci les choses qui paraissaient douteuses, et ils ont fait quelques Ordonnances et quelques Concessions sur d’autres Articles, selon qu’ils le jugeaient à propos pour la tranquillité de la conscience des Frères, et pour maintenir leur état dans sa pureté. Mais parce qu’il arrive souvent que les âmes tendres et timorées, qui appréhendent de s’égarer le moins du monde dans la voie de Dieu, craignent qu’il n’y ait du péché où il n’y en a point, il s’est trouvé que lesdites Déclarations n’ont pu calmer entièrement les consciences des Frères, au contraire ils ont eu quelques nouveaux doutes sur des points qui concernent leur Règle et leur état, comme nous l’avons appris plusieurs fois de plusieurs personnes dans nos Consistoires publics et secrets.

C’est pourquoi ils nous ont humblement suppliés de vouloir bien, selon la bonté du saint Siège Apostolique, faire une nouvelle Déclaration pour remédier efficacement à tous les doutes qui sont survenus, et à ceux qui pourraient naître dans la suite.

Comme donc nous avons eu dès nos plus tendres années beaucoup de zèle et d’attachement pour ceux qui font profession de la Règle des Frères Mineurs, et pour tout l’Ordre; et qu’à présent que nous sommes chargés, quoique sans aucun mérite de notre part, du Gouvernement Pastoral et universel, nous nous sentons portés à leur témoigner beaucoup de tendresse et à les combler de faveurs ; et cela d’autant plus que nous voyons mieux et plus souvent les grands fruits qu’ils ne cessent point de faire dans toute l’Église, par leur sainte vie et par leur bonne doctrine. D’ailleurs, étant touchés de la pureté de leurs intentions et de la justice de leurs demandes; nous avons cru être obligés de nous appliquer sérieusement à faire ce qu’ils souhaitent, et nous avons fait examiner par plusieurs Archevêques, Évêques, Docteurs en Théologie, et autres gens savants, sages et discrets, les Articles obscurs et douteux qui sont marqués ci-dessous.

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